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Bien que « la technologie numérique ait démocratisé l'accès à l'information, elle a aussi créé de sérieux défis », a indiqué António Guterres.
Pour la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, « l’émergence des plates-formes en ligne soulève la question de la viabilité économique des médias indépendants et pluralistes, et bouscule les chaînes de valeur et les modèles économiques existants ».
Le chef de l'ONU a, quant à lui, noté que de nombreuses plateformes de médias sociaux gagnent leur argent non pas en améliorant l'accès à des reportages fondés sur des faits, mais en stimulant l'engagement, « ce qui signifie souvent provoquer l'indignation, et diffuser des mensonges ».
« Les travailleurs des médias dans les zones de guerre sont menacés non seulement par les bombes et les balles, mais aussi par les armes de falsification et de désinformation qui accompagnent la guerre moderne. Ils peuvent être attaqués comme ennemi, accusés d'espionnage, détenus ou tués, simplement pour avoir fait leur travail », a-t-il déclaré.
L’ère du numérique a ainsi amplifié le risque, pour les professionnels des médias et leurs sources, d’être pris pour cible, harcelés et attaqués par divers moyens, par exemple la rétention de données, les logiciels espions et la surveillance numérique, a indiqué Mme Azoulay.
Mme Bachelet a expliqué que l'utilisation croissante d'outils de surveillance - tels que les logiciels espions Pegasus ou Candiru - s'immisce profondément dans les appareils et la vie des gens. « Ces outils sont un affront au droit à la vie privée et une obstruction à la liberté d'expression », a-t-elle insisté.
« L'utilisation de logiciels espions a conduit à des arrestations, des intimidations et même des meurtres de journalistes. Elle a mis en danger leurs sources. Elle a mis leurs familles en danger », a-t-elle expliqué, indiquant que pour contrer ces risques, les journalistes sont souvent contraints d'emprunter la voie dangereuse de l'autocensure.
Selon Mme Bachelet, le logiciel espion Pegasus serait utilisé dans au moins 45 pays, souvent dans le plus grand secret et en dehors de tout cadre légal. « Ces nouvelles méthodes de surveillance, qui évoluent rapidement, présentent un grand nombre de risques et de défis », a-t-elle mis en garde.
D'après, le Secrétaire général de l’ONU, la technologie numérique a facilité également la censure pour les gouvernements autoritaires et autres, « qui cherchent à supprimer la vérité, de nombreux journalistes et rédacteurs étant confrontés quotidiennement à la perspective de voir leur travail mis hors ligne ».
Le Secrétaire général de l'ONU a rappelé que « sans liberté de la presse, il n'y a pas de véritables sociétés démocratiques. Sans liberté de la presse, il n'y a pas de liberté ».
Cela doit cesser, a appelé la Directrice générale de l’UNESCO. « Les avancées technologiques doivent s’appuyer sur le respect de la liberté, de la confidentialité et de la sécurité des journalistes. Les réseaux sociaux, en particulier, doivent multiplier les efforts pour contrer la désinformation et les discours de haine généralisés, tout en protégeant la liberté d’expression ».
Le respect des droits de l'homme n'est pas seulement le devoir des États, a, de son côté, déclaré Michelle Bachelet. Elle a encouragé les entreprises privées de surveillance « à affirmer publiquement leur responsabilité en matière de respect de la liberté d'expression et de la vie privée, à procéder à des contrôles préalables en matière de droits de l'homme et à établir des rapports transparents sur leurs activités ». Et elle a insisté pour que cela se fasse en consultation régulière avec la société civile.
Il y a dix ans, l'ONU a établi un plan d'action sur la sécurité des journalistes, afin de protéger les travailleurs des médias et de mettre fin à l'impunité pour les crimes commis à leur encontre, et l'ONU continue de se battre pour protéger leurs droits.
Durant les 10 prochaines années et pour redynamiser la lutte pour la sécurité des journalistes, la liberté d’expression et l’accès à l’information pour tous, les Présidents de l'Assemblée générale des Nations Unies, de la Conférence générale de l'UNESCO et du Conseil des droits de l'homme ont appelé, dans une déclaration conjointe, les États membres, le système des Nations Unies, les entités régionales, la société civile, le système judiciaire et tous les acteurs concernés à unir leurs forces pour promouvoir les objectifs du Plan d'action des Nations Unies.
« En travaillant ensemble pour renforcer sa mise en œuvre et atteindre l’objectif 16.10 des ODD (garantir l’accès public à l’information), nous pouvons continuer à créer un environnement plus sûr et plus propice pour les journalistes et les professionnels des médias, et protéger le droit de chaque citoyen à des informations fiables et, souvent, vitales