Un ex-représentant spécial des Nations Unies en Haïti préconise un gouvernement de transition pour résoudre la crise
Juan Gabriel Valdés, ancien représentant spécial et chef de la mission des Nations Unies en Haïti et ancien ambassadeur du Chili aux États-Unis, a indiqué que l’«L’Etat haïtien a pratiquement disparu». Valdés estime que la communauté internationale n’a d’autre choix que de souligner clairement l’illégitimité et l’incapacité du gouvernement actuel à résoudre une crise qui dissout progressivement tout semblant de société et de faciliter une sortie de crise par un gouvernement de transition
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«Ses institutions, toujours faibles dans le passé, se sont effondrées devant le caractère autocratique d’un pouvoir exécutif qui n’a pas hésité à violer systématiquement la constitution pour accumuler le pouvoir.
«L’augmentation de la pauvreté et de l’urbanisation dans les quartiers de Port-au-Prince a multiplié un mal qu’Haïti porte depuis longtemps: l’existence de bandes armées qui vivent des enlèvements de personnes. La police manque de préparation suffisante et le soutien du gouvernement n’a pas été clair. De nombreux Haïtiens pensent que les hautes sphères publiques ou privées ont un certain degré de complicité avec les enlèvements.
«De plus, comme cela a été prouvé par le passé, les ravisseurs ne viennent pas uniquement des bidonvilles et peuvent constituer des entreprises rentables. Le drame est que cette «industrie» se développe sans aucune retenue de la part d’aucune autorité. Après avoir écrasé les autres pouvoirs publics, le seul qui reste est le gouvernement de Jovenel Moïse; mais, en même temps, tout ce qu’il fait manque de légitimité.
«Après avoir résisté aux manifestations contre lui, et dans un contexte où il se sent soutenu par les organisations internationales et le silence de la nouvelle administration à Washington, le président continue de faire avancer un projet autocratique, avec un plébiscite sur une réforme constitutionnelle qui n’en a pas la moindre possibilité d’être considéré comme légitime, ainsi que des élections organisées sous son mandat.
«La fameuse «fatigue haïtienne» est manifeste dans la communauté internationale, mais en Haïti, l’intervention internationale est également très fatiguante. La crise actuelle est plus grande que celle de 2004, qui a provoqué le début de la Minustah.
«La communauté internationale n’a d’autre choix que de souligner clairement l’illégitimité et l’incapacité du gouvernement actuel à résoudre une crise qui dissout progressivement tout semblant de société.
«Cela implique de faciliter une sortie par un gouvernement de transition. Ce dernier peut par la suite convoquer des élections et contrôler la violence. Le principe de base est que seul un gouvernement qui a une légitimité institutionnelle et populaire peut faire les deux.
Source : The Dialogue