Par : Villardouin CERSINE Journaliste d'investigation
Le Conseil National pour le Respect des Quotas (CNRQ) condamne avec la plus grande fermeté la publication des dix arrêtés nommant les délégués départementaux. Ces nominations, révélées ce matin sur les réseaux sociaux, attribuent les dix postes exclusivement à des hommes, en violation flagrante des principes d’égalité de genre et des droits humains.
Cette décision constitue une atteinte grave aux engagements d'Haïti en matière de droits des femmes. Elle viole notamment :
La Constitution haïtienne (articles 17.1 et 31), qui consacre le principe de l’égalité des sexes et impose la participation équitable des femmes dans les fonctions publiques ;
La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF/CEDAW), ratifiée par Haïti, qui exige des États membres qu’ils prennent des mesures pour garantir la participation des femmes dans la vie politique et publique ;
La Déclaration de Beijing (1995), qui engage les gouvernements à établir des quotas pour renforcer la représentation des femmes dans les instances décisionnelles ;
Les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 5 sur l’égalité des genres.
Ces nominations unilatérales en faveur des hommes perpétuent une discrimination structurelle et portent atteinte à la légitimité des institutions publiques. Elles renvoient un message d'exclusion aux millions de femmes haïtiennes, les marginalisant davantage et entravant leur intégration dans les espaces décisionnels.
Plus inquiétant encore, cette décision s’inscrit dans un contexte où la ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes, Pedrica St Jean, a publiquement déclaré cette semaine, dans le département du Sud, que "les quotas sont révolus" et que son action s’inscrit désormais dans une ère de "50/50". Ces propos, prononcés sur un ton moqueur et soutenus par une autre femme de son entourage, traduisent une mauvaise foi manifeste et un mépris total pour les combats menés par des générations de femmes en Haïti.
Ces déclarations irresponsables et déconnectées des réalités du pays sapent les fondements mêmes du ministère qu’elle dirige. Elles amplifient l’exclusion des femmes et portent un coup dur à la crédibilité des organisations féministes et des défenseurs des droits humains, qui œuvrent pour garantir une société plus juste et inclusive.
Les conséquences de ces actions et propos sont graves :
1. Affaiblissement de la démocratie : en écartant systématiquement les femmes, le gouvernement mine la diversité et la représentativité dans les instances publiques.
2. Erosion de la confiance publique : ces décisions creusent davantage le fossé entre les citoyens et leurs institutions, alimentant un sentiment d’injustice et de mépris envers les droits des femmes.
3. Impact sur les jeunes générations : le message envoyé est que les femmes n’ont pas leur place dans la gouvernance, décourageant ainsi des milliers de jeunes filles à aspirer à des rôles de leadership.
4. Violation des engagements internationaux : ces décisions exposent Haïti à des critiques internationales et fragilisent sa position sur la scène mondiale en matière de respect des droits humains.
Le CNRQ exige que ces nominations soient révisées de toute urgence et que des mesures correctives soient prises pour rétablir le respect des principes d’égalité de genre. Nous exhortons également la ministre Pedrica St Jean à s’expliquer sur ses propos et à aligner ses actions sur son rôle, qui est de défendre les droits des femmes et non de les marginaliser.
Les femmes haïtiennes ne sont pas des spectatrices de leur destin. Elles ont droit à une place équitable dans la gestion des affaires publiques, comme le prévoit la loi. Il est temps que les autorités cessent de bafouer ces droits et démontrent un véritable engagement envers l’égalité des genres.
Pour le CNRQ
•Novia Augustin
Présidente du CNRQ
•Nancy Dessejour
Représentante du Grand sud
•Jesula Blanc
Représentante du Grand Nord
•Edwine Blaise
Conseillère
•Marie Rebecca Guillaume
Représentante de la Diaspora
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