Par Villardouin CERSINE journaliste d'investigation
Haïti – Dans un contexte de crise multidimensionnelle où la misère et l'insécurité gangrènent le quotidien des Haïtiens, une information sidérante vient jeter de l'huile sur le feu de la colère populaire. Malgré l'absence totale de parlementaires depuis cinq longues années, le budget rectificatif alloue la somme colossale de 3,5 milliards de gourdes au Parlement haïtien. Un véritable coup de poignard porté à la population déjà exsangue dans une enquête menée par le journal explosioninfo
Comment justifier une telle allocation budgétaire à une institution qui n'existe plus ? C'est la question qui brûle toutes les lèvres. Comment comprendre que des milliards de gourdes, qui pourraient être investis dans l'éducation, la santé ou la sécurité, soient gaspillés dans une structure fantôme ?
Le plus choquant dans cette affaire est sans doute le nombre astronomique d'employés qui continuent d'être rémunérés par cette institution inexistante. Plus de 4 000 personnes perçoivent un salaire sur le compte du Parlement, sans qu'aucune activité parlementaire ne soit menée. Des fonctionnaires fantômes, grassement payés à ne rien faire, pendant que des millions d'Haïtiens luttent pour trouver de quoi se nourrir.
Comme si cela ne suffisait pas, le Parlement, dans un geste digne des plus grandes dynasties, a quitté son siège historique du Bicentenaire pour s'installer dans un autre bâtiment, évidemment aux frais du contribuable. Un déménagement somptuaire et inutile, qui ne fait qu'ajouter l'insulte à l'injure.
Cette situation délirante soulève des questions fondamentales sur la gouvernance et la gestion des fonds publics en Haïti. Comment un tel niveau d'impunité peut-il exister ? Qui sont les bénéficiaires réels de ce système corrompu ? Et surtout, quand la justice sera-t-elle rendue au peuple haïtien ?
L'indignation est à son comble. Des voix s'élèvent de toutes parts pour dénoncer ce scandale et exiger des comptes. Des organisations de la société civile, des militants et des citoyens ordinaires appellent à une mobilisation générale pour mettre fin à cette gabegie et réclamer une transparence totale dans la gestion des affaires publiques.
Ce gaspillage éhonté des ressources de l'État est d'autant plus inacceptable que le pays est confronté à une crise humanitaire sans précédent. La pauvreté, l'insécurité alimentaire, le chômage et la violence des gangs plongent chaque jour davantage de familles dans le désespoir.
Il est temps que les responsables de cette situation soient traduits en justice et que les fonds détournés soient restitués au peuple haïtien. Il est temps de mettre fin à l'impunité et de bâtir une Haïti où la justice et la transparence ne sont pas de vains mots, mais des réalités concrètes.
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