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Entre commerce, migration et droits humains, les autorités haïtiennes et dominicaines ont échangé ce mardi 26 août 2025 à Dajabón. Les discussions, marquées par la remise d’un cahier de charges du côté haïtien, ont mis en avant les tensions persistantes autour du marché binational, les violations des droits des migrants, et l’urgence d’instaurer un dialogue bilatéral régulier. Dans un contexte de crise profonde en Haïti, la rencontre visait à poser les bases d’une coopération plus juste et équilibrée afin d’éviter que les deux peuples voisins ne restent prisonniers d’un climat d’instabilité permanente.
À l’invitation de la Gouverneure de Dajabón, Licda Severina Gil Carreras, une importante rencontre s’est tenue ce mardi 26 août 2025 dans les locaux de la douane dominicaine. Autour de la table : les autorités locales des deux pays, réunies pour débattre des relations frontalières entre Dajabón (République dominicaine) et Ouanaminthe (République D'Haïti)
Les discussions ont porté sur des dossiers sensibles : les relations commerciales, le traitement réservé aux migrants haïtiens, le respect des droits humains à la frontière, la délivrance des visas pour les commerçants haïtiens, ainsi que les mécanismes de rapatriement prévus par l’accord bilatéral de 1999.
Malgré la gravité des sujets abordés, la rencontre s’est déroulée dans un climat empreint de respect mutuel, chaque partie affirmant sa volonté de maintenir le dialogue.
La position haïtienne : un cahier de charges en cinq points
Le Délégué départemental du Nord-Est, M. Dionel Germain, représentant officiel de l’État haïtien, a profité de l’occasion pour remettre à son homologue dominicaine un cahier de charges structuré autour de cinq priorités :
1. Instaurer un dialogue permanent entre les deux peuples frontaliers.
2. Renforcer la coopération culturelle et éducative.
3. Faciliter la mise en place d’accords commerciaux bilatéraux solides et transparents.
4. Améliorer la gestion migratoire et garantir le respect du protocole de rapatriement de 1999.
5. Intensifier la coopération sécuritaire pour lutter contre la criminalité transnationale et maintenir la paix à la frontière.
Pour Dionel Germain, ces mesures sont essentielles pour restaurer la confiance et établir une relation équilibrée entre Haïti et la République dominicaine.
La délégation haïtienne, composée entre autres de M. Albert Pierre Paul, Me Evans Fils, M. Lesly Théogène (Directeur départemental du Commerce et de l’Industrie), Ronald Eugène (responsable du commissariat de Ouanaminthe), le représentant du consulat à Dajabón, Ing. José Laguerre (directeur du marché frontalier), ainsi que des représentants de la POLIFRONT et de l’immigration, a dressé un tableau préoccupant de la situation.
La délégation de la République dominicaine était composée de : la Gouverneure de Dajabón, du responsable du Ministère du Commerce, des représentants des commerçants, la mairie de Dajabón Santiago Riberon, du Père Nuñez représentant de l’Église catholique et dirigeant d’une université de Dajabón, du responsable de l’armée dominicaine, d’un représentant de l’immigration dominicaine et de la police au niveau de Dajabón.
Le Directeur départemental du Commerce, Lesly Théogène, a dénoncé les décisions unilatérales dominicaines qui freinent les échanges. Selon lui, « la République dominicaine profite de la crise haïtienne pour imposer des restrictions inéquitables ».
Directeur Lesly Théogène a rappelé les déclarations du président dominicain Luis Abinader, selon lesquelles il ne s’agit pas d’un marché binational mais d’un « couloir commercial humanitaire », une approche qu’il juge incompatible avec les principes de réciprocité et de libre-échange.
« Tant que les commerçants haïtiens ne pourront pas exporter et vendre librement leurs marchandises en République dominicaine, il est inapproprié de parler de marché binational », a insisté M. Théogène.
À l’issue de la rencontre, le Délégué départemental du Nord-Est Dionel Germain a officiellement remis le document portant la position haïtienne sur les relations binationales. Celui-ci insiste sur la nécessité de formaliser le commerce transfrontalier, protéger la souveraineté économique d’Haïti et établir des règles claires, équitables et respectueuses pour les deux parties.
Les autorités des deux pays ont reconnu la nécessité de poursuivre ces rencontres, de formaliser le commerce, de garantir le respect des droits humains et de renforcer les relations diplomatiques.
Mais en filigrane, un avertissement : sans une volonté réelle d’aboutir à des solutions équilibrées, ce sont les deux peuples – haïtien et dominicain – qui continueront à subir les conséquences d’une instabilité chronique à la frontière.
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