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Une vendeuse de marché et un conducteur de moto-taxi ont été abattus samedi 8 novembre 2025 par des agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) dans le Nord et le Nord-Est d’Haïti. Ces drames, survenus à la suite de simples altercations, ont déclenché une vague de colère populaire : incendies de bâtiments publics, tensions extrêmes et appels à la réforme d’une force accusée de dérives violentes et d’abus de pouvoir.
Trou-du-Nord / Limbé (Haïti), 8 novembre 2025. — La tension était à son comble, samedi, dans les départements du Nord et du Nord-Est d’Haïti, après la mort de deux civils tués par des agents de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP). Ces deux incidents distincts ont provoqué des soulèvements populaires, marqués par des incendies et des affrontements avec les forces de l’ordre.
À Trou-du-Nord, une jeune femme du nom de Carmène, vendeuse de sachets plastiques sur le marché local, a été mortellement touchée par balles lors d’une altercation avec un agent de la BSAP, également affecté à la mairie de la ville.
Selon plusieurs témoins, le drame aurait éclaté après que l’agent a exigé d’elle le paiement d’une taxe de 50 gourdes. La jeune femme aurait répondu qu’elle ne disposait pas de cette somme. La dispute a dégénéré, et des coups de feu ont été tirés. Carmène est décédée sur le coup.
La nouvelle s’est rapidement répandue, provoquant une explosion de colère dans la population. Des habitants en furie ont incendié le poste de la BSAP situé à Terre-Rouge, ainsi que plusieurs maisons et véhicules. La ville a connu une journée de vive tension et de chaos.
Quelques heures plus tard, un drame similaire s’est produit dans la commune de Limbé (Nord).
Un jeune conducteur de moto-taxi, Adely Louis, âgé de 22 ans, a été atteint de plusieurs balles tirées par un autre agent de la BSAP. Grièvement blessé, il est décédé avant d’arriver à l’hôpital.
En représailles, la population de Limbé a incendié une partie de la mairie, où se trouvent les bureaux de la DGI, de l’ONI et le poste local de la BSAP. Les violences ont éclaté après qu’un témoin a rapporté que le jeune conducteur avait été visé au cours d’une simple altercation près du marché.
Des agents accusés de dérives et de violences
Ces deux drames, survenus le même jour, ont ravivé les critiques à l’encontre de la BSAP, une unité censée assurer la sécurité des zones protégées, surveiller les frontières et réguler la circulation.
Sur le terrain, de nombreux citoyens accusent désormais cette force de dépassements répétés de ses fonctions, de corruption et d’un usage excessif de la force.
> « La BSAP est censée protéger, pas tuer pour 50 gourdes », dénonce un habitant de Trou-du-Nord.
« L’État doit reprendre le contrôle de cette institution devenue incontrôlable. La BSAP de 2021 n’a plus rien à voir avec celle de 2025 », ajoute-t-il.
Plusieurs voix appellent à une réforme en profondeur de l’organisation : formation des agents, encadrement des missions et épuration des rangs.
« La BSAP doit se limiter à ses attributions légales et cesser d’agir comme une force de répression », martèlent des citoyens exaspérés.
Vers une crise institutionnelle ?
Face à ces violences, la méfiance envers la BSAP grandit dans plusieurs communes du Nord.
Les habitants demandent au gouvernement d’ouvrir une enquête et de sanctionner les responsables.
À défaut, préviennent-ils, la colère pourrait se propager à d’autres régions déjà fragilisées par l’insécurité et la pauvreté.
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