Alors que plus de 91 journalistes ont été tués dans le monde au cours de la dernière année, selon des données de l’UNESCO, la situation en Haïti illustre de manière particulièrement aiguë la crise de sécurité à laquelle sont confrontés les professionnels de l’information. Dans un contexte marqué par l’instabilité politique et la montée de la violence armée, exercer le métier de journaliste devient de plus en plus périlleux dans le pays.
Port-au-Prince, le 16 décembre 2025. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), la dégradation globale de la liberté de la presse se traduit notamment par une autocensure croissante. En Haïti, de nombreux journalistes reconnaissent limiter leurs enquêtes ou modérer leur discours public afin d’éviter les représailles, qu’elles proviennent d’acteurs politiques, de groupes armés ou de réseaux criminels bénéficiant souvent d’une impunité persistante.
Les enquêtes portant sur la corruption, l’insécurité, le trafic illicite ou les violations des droits humains exposent particulièrement les journalistes haïtiens à des menaces, des intimidations et à des attaques. Les femmes journalistes ne sont pas épargnées, faisant face à des formes multiples de violence, allant du harcèlement en ligne aux campagnes de diffamation, en passant par des agressions verbales ou physiques.
On observe une détérioration inquiétante des conditions d’exercice du journalisme dans plusieurs départements du pays. Dans le département du Nord, des journalistes font état de persécutions répétées dans l’exercice de leurs fonctions, entravant leur liberté de travailler et de rapporter les faits d’intérêt public. Dans le Nord-Est, la situation n’est guère plus rassurante : des individus non identifiés s’en prennent physiquement à des journalistes alors même qu’ils se trouvent sur le terrain, en pleine couverture de l’actualité.
Le département du Nord-Ouest apparaît comme l’un des épicentres de cette répression. Selon plusieurs témoignages concordants, des journalistes y sont pris pour cible par des responsables politiques locaux agissant en connivence avec des magistrats accusés de corruption. Ces derniers auraient recours à des mandats d’arrêt et à des poursuites judiciaires jugées arbitraires afin d’intimider les professionnels de la presse et de freiner toute enquête ou dénonciation de pratiques illégales.
Cette multiplication d’atteintes contre la presse soulève de vives inquiétudes au sein des organisations de défense de la liberté d’expression et des droits humains. Plusieurs observateurs dénoncent un climat d’impunité et appellent les autorités compétentes à garantir la sécurité des journalistes, à mettre fin à l’instrumentalisation de la justice et à respecter le rôle fondamental de la presse dans une société démocratique.
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