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Réflexion humaniste sur la crise haïtienne et rappel du principe universel des droits humains.

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L’organisation de défense des droits humains, Vision Haitienne des Droits de l’Homme (VHDH),  souhaite rappeler, dans le contexte de stagnation institutionnelle et d’effondrement humanitaire que traverse Haïti, que la protection de la dignité humaine ne saurait être relative ni conditionnée au niveau de développement d’un pays.


La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), adoptée le 10 décembre 1948, proclame dans son article 1 que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Ce principe ne souffre aucune exception géographique, économique ou politique.
Il s’applique avec la même force morale et juridique à toutes les nations, y compris celles qui, comme Haïti, subissent une crise multidimensionnelle prolongée.
Haïti : un membre fondateur de la communauté internationale des droits humains 

Si Haïti est devenue membre de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945, ce n’est pas uniquement pour constituer un numéro, assurer un quorum lors des votes ou jouer un rôle passif dans les équilibres géopolitiques mondiaux.
Haïti, première République noire, premier État issu d’une révolution anti-esclavagiste victorieuse, porte en elle un héritage historique unique : celui de la lutte universelle pour la liberté et l’égalité.


Dans cet esprit, la présence d’Haïti au sein de la communauté internationale devrait être perçue non pas comme une formalité diplomatique, mais comme un rappel constant que la dignité humaine n’est pas négociable, quelles que soient les contraintes ou les vulnérabilités d’un pays.


Les droits humains ne peuvent pas être hiérarchisés entre nations
L’article 2 de la DUDH est explicite : chaque individu doit jouir de tous les droits proclamés « sans distinction aucune » et sans discrimination fondée sur « la situation politique, juridique ou internationale du pays » auquel il appartient.

Cela signifie que :
aucun peuple n’est moins digne qu’un autre ;
aucun territoire n’est trop pauvre pour mériter la sécurité, la justice et le respect ;
aucune crise ne peut justifier l’abandon des principes fondamentaux de protection de la personne humaine.
Les droits humains ne sont pas un privilège réservé aux pays développés. Ils sont le socle même de la paix internationale, comme le rappelle le Préambule de la DUDH et l’article 12 de la Constitution haïtienne qui proclame l’égalité des citoyens devant la loi.

Haïti comme espace d’expérimentation globale : un constat préoccupant
Depuis plusieurs décennies, Haïti apparaît souvent comme un terrain d’expérimentation :

expérimentations politiques (transitions prolongées, institutions fragilisées) ;
expérimentations sécuritaires (multiplication de missions internationales sans consolidation structurelle) 
expérimentations économiques (modèles imposés, mais rarement adaptés aux réalités locales) ;
expérimentations sociales (crises successives sans mécanisme de reconstruction durable).
Ce statut implicite d’« espace de test » va à l’encontre de l’esprit même de la DUDH qui affirme que chaque peuple possède une égale dignité et doit être protégé contre l’arbitraire.
La normalisation de l’effondrement haïtien par la communauté internationale représente une menace non seulement pour Haïti, mais pour la crédibilité même de l’idée universelle des droits humains.
Les obligations de l’État haïtien et les responsabilités internationales
La Constitution haïtienne de 1987 inscrit clairement la responsabilité de l’État envers ses citoyens :
garantir la sécurité de tous (articles 19 et 41) ;
protéger le droit à la vie, à la santé, à la liberté de circulation (articles 19, 24, 41) ;
respecter et faire respecter les conventions internationales ratifiées (articles 276-2).
À ce titre :
l’État haïtien a l’obligation de restaurer la sécurité, la justice et les institutions ;
la communauté internationale a le devoir moral et parfois juridique de soutenir Haïti dans le respect de la souveraineté et des principes humanistes, en évitant toute instrumentalisation ou expérimentation.
Pour une solidarité internationale fondée sur la dignité et non sur l’utilité géopolitique
Le monde ne peut continuer à considérer Haïti uniquement à travers :
ses crises,
ses urgences,
son rôle dans les votes internationaux,
ou sa fonction de zone tampon humanitaire.

Une approche humaniste exige de reconnaître Haïti comme une nation souveraine, dont la population mérite les mêmes standards de sécurité, de justice et de respect des droits que tout autre citoyen du monde. La solidarité internationale ne doit pas être un privilège stratégique, mais un devoir moral partagé.
Positionnement de la VHDH.

Fidèle à sa mission, l’organisation de défense des droits humains Vision Haitienne des Droits de l’Homme :
ne s’inscrit dans aucune logique partisane ;
ne recherche aucun bénéfice politique ;
et n’intervient que pour rappeler les principes universels garantissant la dignité humaine.
Notre engagement est fondé sur :
la Constitution haïtienne ;
les normes internationales des droits humains ;
et l’impératif de restaurer la dignité et la sécurité de chaque personne vivant sur le territoire.
Haïti ne demande pas un traitement de faveur, mais le respect de son humanité.

À travers cette réflexion, nous invitons : les institutions haïtiennes, les partenaires internationaux, et les citoyennes et citoyens du monde, à reconnaître qu’Haïti n’est pas un espace d’expérimentation, mais une nation à part entière dont les droits fondamentaux doivent être respectés sans condition.

La protection des droits humains n’est pas un luxe réservé aux nations stables ; elle est un impératif universel. C’est uniquement en plaçant la dignité humaine au centre des politiques publiques et des relations internationales que nous pourrons contribuer à la reconstruction d’une Haïti juste, sûre et respectueuse de ses valeurs fondatrices.


Pour la VHDH, 
JULES Romulus 
Directeur exécutif 

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