Écrit par : Villardouin CERSINE Journaliste d'investigation
E-mail : cersine09@gmail.com
Une conférence interinstitutionnelle d’envergure inédite réunit forces de l’ordre, autorités éducatives, responsables sanitaires et acteurs judiciaires à Fort-Liberté afin de construire une stratégie commune, coordonnée et durable visant à stopper la progression alarmante de la délinquance juvénile, à contenir l’expansion de la consommation de drogues chez les mineurs, et à renforcer la protection de la jeunesse dans un contexte social fragilisé par la pauvreté, les déscolarisation et les influences criminelles.
Fort-Liberté (Nord-Est, Haïti) — Les autorités locales ont affiché, mercredi, une volonté commune de freiner l’escalade de la délinquance juvénile qui secoue la région. Réunies au commissariat de la ville, les principales directions départementales ont présenté une série de mesures destinées à contenir la progression de la consommation de drogues chez les mineurs. Une initiative portée par le commissaire Jean Ronald Lusier, qui appelle à « une mobilisation totale » des acteurs publics autour de la jeunesse.
La Brigade de Protection des Mineurs a donné le ton en dévoilant un plan d’intervention renforcé dans les zones les plus vulnérables. L’objectif : gagner du terrain sur un phénomène qualifié de « fléau social » et briser les réseaux d’influence qui ciblent les adolescents.
Dans le camp éducatif, le Directeur départemental éducation du Nord-Est (DDE-NE ) Lucner Mompremier a rappelé que l’école reste un rempart essentiel. Sous le thème « L’importance de l’éducation dans la construction de l’avenir des jeunes », la direction départementale a souligné l’urgence d’un encadrement pédagogique solide, capable d’offrir repères et stabilité à une génération exposée au décrochage et aux dérives de rue.
Le secteur sanitaire alerte également. Le Dr Eddy Pierre, porte-parole de la direction départementale du Nord-Est, a mis en garde contre les effets destructeurs des substances illicites : troubles psychiques, dépendances précoces, fragilités sociales. Un tableau sombre, qui inquiète autant qu’il mobilise.
Le juge Jacques Vincent Philippe, intervenant sur l’aspect juridique, a rappelé la fermeté des sanctions prévues par la loi. Pour autant, il plaide pour une justice préventive, visant à sensibiliser avant de punir. Une approche qu’il juge indispensable pour « éviter que la jeunesse ne glisse définitivement du mauvais côté ».
Cette rencontre interinstitutionnelle, jugée « cruciale » par plusieurs participants, se veut le point de départ d’actions concertées dans les quartiers les plus exposés. À Fort-Liberté, les autorités espèrent bâtir un front commun susceptible d’endiguer cette crise qui menace les équilibres sociaux de la commune.
Mais derrière les discours et les engagements officiels, la réalité demeure implacable : dans les quartiers populaires de la ville frontalière de Fort-Liberté, la délinquance juvénile continue de gagner du terrain, portée par la précarité, les trafics transfrontaliers et l’absence d’alternatives pour les jeunes. Tant que ces foyers de vulnérabilité resteront sans réponse concrète, les opérations ponctuelles ne suffiront pas. Le Nord-Est risque alors de voir émerger une génération perdue, livrée à la loi de la rue, tandis que les institutions peinent encore à reprendre l’avantage.
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