Haïti / Politique: : des partis politiques en quête de crédibilité et de renforcement face à la crise et à l’insécurité. - ExplosionInfo

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Haïti / Politique: : des partis politiques en quête de crédibilité et de renforcement face à la crise et à l’insécurité.

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Politique 
Écrit par : Villardouin CERSINE Journaliste d'investigation 

E-mail : cersine09@gmail.com 



Alors que le pays s’enfonce dans une crise politique et sécuritaire sans précédent, le Conseil Présidentiel de Transition et la Primature ont organisé deux journées de formation à Fort-Liberté, dans le Nord-Est, pour renforcer les capacités des partis politiques. Entre discours d’espoir, scepticisme populaire et constat d’impuissance, cette initiative soulève de nombreuses interrogations sur la réalité du pluralisme et la faisabilité d’élections libres en Haïti.
Fort-Liberté (Haïti) — Le samedi 8 novembre 2025, l’hôtel Le Relais de Fort-Liberté a accueilli le lancement officiel de deux journées de formation à l’initiative du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et de la Primature, dans le cadre du « Programme de renforcement des capacités des partis politiques en Haïti », particulièrement axé sur le département du Nord-Est.

Des représentants de plusieurs partis, dont OPL, EDE, PHD, EDEM et AAA, ont pris part à ces échanges visant à outiller les acteurs politiques dans la perspective de futures élections.

Lors de l’ouverture, Maître Jennifer Surfin, représentante du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des affaires électorales, a rappelé l’engagement du gouvernement à « renforcer les partis politiques et organiser des élections libres, crédibles et démocratiques ». Elle a insisté sur la nécessité de la participation de tous pour garantir la réussite du processus électoral.

La session thématique, animée par le Professeur Jean Junior S. Datus, portait sur le thème : « Partis politiques et idéologies : comment percevez-vous le rôle des partis politiques dans le contexte de crise profonde que traverse Haïti ? »
Parmi les intervenants, Maître Bilgot Colas, ancien député de Fort-Liberté et représentant de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), a souligné l’importance du partage d’expériences et de la formation continue. « Même si l’insécurité empêche aujourd’hui la tenue d’élections, seules des élections peuvent sortir le pays de cette impasse », a-t-il affirmé.
Ces deux journées de formation, tenues les 8 et 9 novembre 2025, ont rassemblé une cinquantaine de responsables politiques du Nord-Est. Chacun, à sa manière, a livré sa vision de la situation et de l’avenir politique du pays.

Le Docteur Eddy Pierre, coordonnateur du parti AN AVAN à Fort-Liberté, estime que « le contexte sécuritaire actuel ne permet pas la tenue d’élections », tout en jugeant essentielle la transmission des connaissances acquises à ses collègues.

De son côté, Maître Jean Mercier Lamour, du Parti Haïtien pour la Démocratie (PHD), a salué une formation « enrichissante » qui, selon lui, permettra de renforcer la cohésion interne du parti.

Pour Émilius Fils Noël, secrétaire départemental du parti EDE, ces journées constituent « une étape importante dans la consolidation du parti », même s’il reconnaît que « l’insécurité empêche encore la mise en œuvre d’un véritable calendrier électoral »
Lesly Périsse, représentant du parti Ansanm Nou Fò, s’est voulu plus optimiste : « Nous sommes prêts pour les élections, mais est-ce que l’État l’est aussi ? », a-t-il lancé, tout en rappelant que le vote reste « un pilier essentiel de toute démocratie ».

Enfin, Jove Jean Lamour, coordonnateur du parti Haïti en Action (AAA), a souligné que « les formations reçues renforceront la structure du parti », même si, selon lui, « le climat sécuritaire rend impossible toute perspective électorale immédiate ».

Mais au-delà des discours officiels, la réalité du terrain s’impose. Dans les rues de Fort-Liberté, plusieurs citoyens interrogés par le média local Explosion Info ont exprimé leurs doutes. « Où ces élections auront-elles lieu ? Comment parler de vote alors que nous vivons dans la peur, sans emploi, sans stabilité ? », s’interroge un habitant.

Beaucoup dénoncent une classe politique déconnectée des réalités du peuple. Certains accusent les partis d’être devenus « des instruments d’accès à des postes publics », sans véritable projet pour le pays. « Il n’existe plus de partis politiques en Haïti, seulement des groupes d’intérêts qui détruisent la nation », lâche, amer, un autre citoyen.


Cette double journée de formation, censée raviver le souffle démocratique, met en lumière le paradoxe haïtien : des partis politiques en quête de légitimité dans un pays où l’État peine à garantir la sécurité et la confiance citoyenne.
Si la volonté de renforcer les structures politiques est réelle, elle se heurte à une absence de vision commune et à une crise de représentativité. Tant que les partis resteront des instruments de pouvoir plutôt que des porteurs de projet collectif, la démocratie haïtienne continuera de se chercher — entre désillusion populaire et espoir fragile d’un renouveau politique.


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