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Fort-Liberté, Ouanaminthe, Trou-du-Nord, 1er novembre 2025 – Comme chaque année, les cimetières du Nord-Est se sont animés ce week-end à l’occasion de la Fête des Guédé, célébration vaudou consacrée aux morts et aux esprits des ancêtres. Entre prières, danses, chants et offrandes, la population a rendu hommage à ses défunts dans une ambiance à la fois mystique et festive.
Une célébration entre deuil et joie
En Haïti, la Fête des Guédé coïncide avec la Toussaint et la Fête des Morts, les 1er et 2 novembre. Cette tradition profondément enracinée dans la culture vaudou transforme les cimetières en véritables scènes de célébration.
Vêtus de noir, de blanc et de violet, les participants dansent, chantent, prient et font des offrandes de nourriture et de boissons aux esprits des morts. Certains entrent en transe, incarnant les Guédé – ces esprits espiègles et puissants – en accomplissant des gestes symboliques, parfois spectaculaires, comme se frotter le corps avec du piment pour se protéger des mauvais esprits.
Des cimetières transformés en lieux de vie
À Fort-Liberté, Ouanaminthe et Trou-du-Nord, la fête a pris une dimension populaire impressionnante. Les allées des cimetières étaient envahies de fidèles, de curieux et de familles venues se recueillir ou participer aux rituels.
Les rires, les chants et les tambours résonnaient parmi les tombes décorées de fleurs et de bougies. Entre ferveur et exubérance, les figures emblématiques du panthéon vaudou – Bawon Samedi, Bawon La Croix, Bawon Cimetière, Bawon Kriminel et Manman Brigitte – semblaient habiter les lieux à travers les corps des fidèles en transe.
Un moment de recueillement et de transmission
Au-delà du rituel spirituel, la Fête des Guédé reste aussi un moment de rassemblement familial. Beaucoup en profitent pour nettoyer et fleurir les tombes, dans un geste de respect et de mémoire.
« La fête des morts, c’est aussi l’occasion de se souvenir dans la paix », confie Fleurant Gracias Fils, connu sous le nom spirituel de DIEU TACOE S.E., rencontré au cimetière de Ouanaminthe.
Le vodou, pilier spirituel et culturel
Interrogé sur la signification du vodou, DIEU TACOE explique :
« Le vodou est une religion traditionnelle africaine fondée sur le culte des divinités, des ancêtres et des forces invisibles. Il permet d’entrer en relation avec le monde spirituel à travers des rituels, des chants et des objets sacrés.» a-t-il précisé !
Selon lui, le mot « vodoun » provient de la langue fon du Bénin : “Vo” signifie se purifier, et “Doun” signifie puiser. Le vodou représenterait donc « l’acte de se purifier pour puiser dans l’invisible tout ce dont on a besoin pour s’épanouir dans le monde physique ».
Le pratiquant rappelle que cette religion, issue des traditions yoruba et du royaume du Dahomey, a été introduite en Haïti par les esclaves africains. Elle a ensuite fusionné avec le catholicisme pour donner naissance à une foi syncrétique unique dans les Caraïbes.
Entre préjugés et reconnaissance
Malgré la reconnaissance constitutionnelle du vodou en 1987, cette religion continue de souffrir de préjugés, souvent assimilée à la magie noire. DIEU TACOE déplore cette perception :
« Pendant longtemps, l’Église catholique et plusieurs régimes ont combattu le vodou. Pourtant, c’est grâce à lui que nous avons trouvé la force de conquérir notre indépendance. » a-t-il martelé au micro 🎤 journal ExplosionInfo !
Fleurand Gracias Fils ( DIEU TACOE) a rappelle qu’en 1940, une campagne d’évangélisation menée par l’Église avait conduit à la destruction de nombreux temples et objets sacrés.
L’ancien président Jean-Bertrand Aristide avait, pour sa part, reconnu officiellement le vodou comme une religion à part entière en 1991, affirmant qu’il faisait partie intégrante de l’identité nationale haïtienne.
Une fête, une mémoire, une identité
À travers la Fête des Guédé, les Haïtiens du Nord-Est réaffirment chaque année le lien entre les vivants et les morts, entre la foi et la mémoire.
Dans une atmosphère où se mêlent recueillement, spiritualité et exubérance, les cimetières deviennent le théâtre vivant d’une culture qui célèbre la mort pour mieux affirmer la vie.
Par rapport a tout cela, nous pourrions conclure en avançant que chacun a son choix à faire dans la vie, ceux la qui choisissent de vénérer les morts ont tout aussi droit d’agir de la façon qui leur plait tout comme ceux qui ne professent pas ce culte de vénération des morts et au final la vie suit son cour, les vivants vont continuer à vivre tandis que les morts resteront dans leurs tombes.
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