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« On ne peut pas être juge et partie » : Jean Renel Sénatus fustige la duplicité des acteurs politiques qui, après avoir échoué au Conseil présidentiel de transition, tentent de se recycler dans un nouveau projet. Il met en garde contre cette pratique qui perpétue la crise et empêche Haïti de se relever.
Port-au-Prince – Dans une analyse sans concession de l’impasse politique haïtienne, l’ancien sénateur de l’Ouest, Me Jean Renel Sénatus, assène une critique cinglante contre la classe politique. S’adressant à la presse, il a dénoncé avec virulence la présence, au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT), de structures qu’il accuse de « tâtonner » et de participer à l’aggravation de la situation nationale. « Vous ne pouvez pas être à la fois au pouvoir et dans l’opposition », a-t-il martelé, pointant du doigt ce qu’il considère comme une incohérence fondamentale et paralysante.
Pour l’ancien parlementaire, cette ambiguïté stratégique est au cœur de l’échec patent du CPT, plus de deux ans après sa mise en place. « Ces mêmes acteurs, qui ont été parties prenantes des décisions – ou de l’absence de décisions – du Conseil, portent une responsabilité directe dans la dégradation continue de la sécurité, de l’économie et du vivre-ensemble », a-t-il expliqué. Sénatus voit dans la tentative de certains de ces acteurs de se repositionner pour une nouvelle transition, après l’échec du CPT, la manifestation d’un « cynisme politique » qui mine toute perspective de solution durable. Il s’agit, selon lui, d’une manœuvre pour perpétuer un système où l’instabilité sert des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général.
Poussant plus loin sa charge, Me Sénatus estime que cette « duplicité calculée » n’est pas une simple erreur tactique, mais bien une méthode de gouvernance qui a plongé Haïti dans l’abîme. « Comment expliquer autrement que des personnalités et des groupes, présents aux commandes durant cette période critique, soient aujourd’hui les premiers à proposer un nouveau processus sans avoir rendu de comptes sur leur gestion désastreuse ? », interroge-t-il. Cette pratique, selon lui, crée un cycle infernal de transitions inabouties où les mêmes acteurs se recyclent indéfiniment, empêchant toute émergence de leadership nouveau et toute mise en œuvre de réformes structurelles.
L’ancien sénateur appelle à une rupture radicale avec ces méthodes. « La première étape pour reconstruire Haïti est de nommer et de tenir pour responsables ceux qui l’ont déconstruite. On ne peut pas bâtir l’avenir sur le mensonge et l’impunité politique », a-t-il insisté. Pour Sénatus, la sortie de crise exige non seulement une clarification des rôles – être soit clairement au pouvoir avec un programme, soit dans une opposition constructive – mais aussi et surtout un véritable examen des échecs passés. Sans cette exigence de redevabilité, prévient-il, toute nouvelle initiative politique, quelle qu’en soit l’appellation, ne sera qu’une répétition du scénario actuel, condamnant la population à souffrir davantage des ambitions débridées de ses élites. Son verdict est sans appel : c’est cette culture de l’opportunisme et du double jeu qui détruit méthodiquement les fondations déjà fragiles de la nation haïtienne.
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