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Haïti, vers une république de lâches, d’irresponsables et de manipulateurs.

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Haïti, vers une république de lâches, d’irresponsables et de manipulateurs.
De nos jours, la confusion sociale a atteint son sommet. Personne ne semble se diriger vers la bonne direction, alors que presque tout le monde prétend connaitre le vrai chemin. En réalité, le peuple est aux abois et relativement sans berger. C’est l’implosion sociale ! La mauvaise gouvernance caractérisée par le dysfonctionnement institutionnel, la cherté de la vie, les turbulences sociales et politiques, ayant engendré l’insécurité et l’effondrement de l’économie, a déconstruit le mental de bon nombre d’Haïtiens.  Tout profane est devenu philosophe, commentateur ou donneur de leçons. Si la raison est la chose du monde la mieux partagée, l’Haïtien s’en est appauvri. La logique est bannie dans son quotidien. Les lâches, les irresponsables et les manipulateurs prédominent et ont assailli la République.
 
Lorsqu’un chef de la Police Nationale d’Haïti crie avec désinvolture: « J’ai arrêté des bandits. Des hommes politiques les ont relâchés, sans procédure ».  « Je pouvais combattre le problème de l’insécurité, mais il me fallait plus de munitions », nous devons nous questionner. Pourquoi ce dernier n’a pas résisté contre les forces politiques et la libération illégale des bandits? Pourquoi accepte-on de diriger sans ressources, livrer des combats sans munitions ? Sans ambages, nous sommes en face des lâches qui ont vendu la nation pour protéger leur poste et garantir leurs intérêts sordides.  
 
Lorsqu’un Ministre d’État fait l’éloge de sa bonne foi, critique hardiment son Gouvernement, et est capable de produire toutes les bonnes idées, sauf des résultats, croyant pouvoir gérer un pays avec un « si », nous sommes en face de dangereux irresponsables dont la mission est de pérenniser la misère haïtienne au profit de leur pathétique carrière. Ces anarchistes, artisans du désespoir et perfides opportunistes sans vision, sont les gardiens d’un puissant système d’oppression imperceptible.
 
Lorsqu’un leader politique n’a qu’une seule expertise : détecter le mal partout pour mieux installer le chaos qui exprime le creux de son existence;  une seule compétence : imputer le malheur haïtien qu’à l’International auquel il obéit aveuglément et clandestinement;  une seule dynamique de masse: la parole la plus bruyante dénuée de logique et de moyens ; un seul stratagème obscurantiste : trouver un bouc émissaire national (tantôt c’est l’Armée, tantôt c’est la Présidence, tantôt c’est la Constitution, tantôt c’est le Parlement, tantôt ce sont les intellectuels, tantôt c’est la Police, sauf eux-mêmes), cela nous interpelle. L’Armée, la Présidence, la Constitution, le Parlement ne sont plus, tandis que ces beaux parleurs ajoutent à leurs discours stériles, rébarbatifs et de Big Bang: « Que tous les haïtiens prennent conscience ». Or, il n’existe, dans toute l’histoire universelle, aucun peuple qui ait entièrement pris conscience comme condition de son changement. Des divergences d’opinion et de position, comme en 1804, il y en aura toujours. Mais par ce prétexte, ces dirigeants factices et improductifs stagnent, esquivent le changement, consolident ainsi le statu quo pour que leur règne n’ait plus de fin.
 
Lorsqu’un magistrat d’un tribunal conditionne la saine distribution de la justice à un meilleur salaire, à des véhicules blindés et à un environnement sécuritaire, c’est du marchandage. C’est la justice qui doit conditionner la société. Ce n’est pas la société qui conditionnera l’état du magistrat.
 
Lorsqu’un jeune garçon, non-instruit, sans emploi, âgé de dix-neuf ans, père de trois enfants, quémandant son pain quotidien à sa grand-mère, courtisant d’autres filles plus vulnérables que lui, habitant dans son taudis exécrable, au milieu d’une fosse d’aisances débordante, s’amuse avec la violence et le dénuement, perd son attention dans des chansons débridées exprimant sa réalité cauchemardesque et surréaliste, s’apprête à prodiguer le premier conseil sur Facebook, Tik Tok et WhatsApp jusqu’à indiquer qui voter dans les élections présidentielles, l’on comprendra pourquoi les manipulateurs pullulent.  Si des mesures sociales drastiques ne sont pas promptement prises, en amont, en faveur d’une jeunesse en lambeaux pour déconstruire ces modèles créateurs de gangs, nous en payerons tous les frais.
 
Lorsque le corrompu, le corrupteur et la victime s’associent dans une promiscuité abjecte, un pêle-mêle immonde, alternant leur rôle; lorsque des ripoux sont les protégés des victimes parce que celles-ci ont souvent recours à ceux-là, dans d’autres situations malheureuses ; lorsque le citoyen contemple un magistrat dans sa forfaiture, refuse de porter plainte, fait silence aux jours des enquêtes, pourtant attend que le Pouvoir Judiciaire fasse un miracle d’assainissement ; lorsqu’il est plus facile d’appréhender, sous le coup de la fureur, un paisible citoyen, au lieu de s’en prendre aux chefs des bandes armées concoctant les kidnappings ; lorsqu’on a peur de reconnaitre qu’un chat est un chat ; quand tout le monde connait tout le monde et personne ne veut dire ce qu’il sait de quiconque ; quand, au lieu de s’en prendre au chat, on s’en prend à la vulnérable poule qui se trouve déjà dans une cage, on est en face d’une bande de lâches, confus, désorientés et pétris par le désespoir chronique, qui détruisent le pays à petit feu. Au lieu de préétablir des conditions pour que les hommes prennent la forme de l’idéal de nos institutions, les institutions prennent la forme de nos hommes ratés.
 
Au demeurant,  si on s’en tient aux idéaux de nos lois et institutions, à la façon dont la chose publique doit être gouvernée, importe le nombre d’essais qu’on fera et le nombre de fois que nos lois seront amendées,  nos dirigeants s’y seront conformés parce que, au terme de leur mandat,  la reddition de comptes et les sanctions auront été exigées par le peuple. Alors, l’exemple démocratique deviendra une nouvelle culture politique rationalisée et moralisée comme modèle pour les nouveaux leaders.
 
Il en résulte que le pays est conquis par des manipulateurs invétérés. Du néant de leur âme, ils produisent que leur semblable. Ils veulent détruire toutes les institutions pour ne les remplacer que par eux-mêmes. Ils attisent les dissensions sociales, la guerre civile, opposant les haïtiens à eux-mêmes, dans une violence aveugle et débridée. Pourtant, ils s’agenouillent devant ceux qui leur passent des ordres odieux. De leur intolérable imperfection, ils exigent, des autres, une perfection qu’ils n’ont jamais côtoyée, croyant qu’avec cette rhétorique, ils pourraient attirer l’attention des faibles d’esprit. Les profanes et les furieux au pouvoir, aussi grande que soit leur intention, est un nouveau pas géant vers l’abime.  
 
En conséquence, l’heure est venue pour que chaque haïtien se propose une cure de loyauté et de probité, moi le premier. La responsabilité est une vertu que chaque haïtien doit se réapproprier. Loin du fatalisme dominant, l’histoire de la République d’Haïti est ponctuée d’hommes loyaux. Il nous en faut qu’un plus grand nombre pour renverser la tendance, vers une République de responsables et de courageux.  En attendant, commençons, chacun en ce qui le concerne, telle est la formule du nouvel Haïti. Chaque homme sera mesuré à l’aune de ses actes, et non au volume de ses propos déstabilisateurs. Que produire des résultats dans la vie devienne un trait culturel. Démissionner est un devoir pour tous ceux qui se révèlent incapables. Mentez et mentez encore, trompez et trompez le peuple sans cesse. Mais viendra le dénombrement après la tempête où l’ivraie sera séparée du blé. Si la justice conventionnelle faillit, celle naturelle tranchera de sa glaive impitoyable.  
 
Enfin, répété-je, il nous faut des hommes tissés de caractère inébranlable, vêtus de loyauté et de probité ; une justice impartiale servie par des magistrats intègres, compétents et courageux pour mettre un terme aux interminables « l’enquête se poursuit » ; des hommes d’état qui prendront des mesures impopulaires contre les perturbations sociales,  l’inflation, la hausse vertigineuse du taux du dollar par rapport à la gourde, la vente illicite du carburant, l’appropriation des ressources de l’État par des particuliers, en instituant un programme de bonne gouvernance axé sur la transparence et la reddition de comptes ; des hommes habiles habités par le concept « vérité-justice-réparation » et pour qui l’excuse n’est point un moyen de gouverner ; des hommes qui n’ont aucun lien avec les gangs pour s’attaquer de front à l’insécurité ; des hommes qui n’ont ni mépris, ni amour pour l’étranger et qui traiteront d’égal à égal avec les diplomates, dans le respect du jeu des intérêts de leur groupe. C’est l’intelligence alliée à l’intégrité qui doit régler les problèmes complexes du pays. Le peuple est fatigué du tribut des lâches, des irresponsables et des manipulateurs. Il nécessite des hommes dans chaque famille, école et institution. Au moins des hommes.
 
Ouanaminthe, le 28 janvier 2023.
Evens Fils, avocat.

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