Par : Villardouin CERSINE journaliste d'investigation.
Dajabón, République dominicaine - 15 mai 2025 - Une opération controversée a eu lieu ce jeudi dans la province frontalière de Dajabón, où une dizaine de mineurs haïtiens ont été arrêtés par les autorités locales. Cette intervention, menée par le maire Santiago Riveron, a suscité une vive indignation au sein de la communauté haïtienne et des défenseurs des droits de l'homme.
Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des enfants appréhendés sur une place publique, réveillés violemment par le maire et ses agents. « Ils étaient allongés, certains en plein sommeil, quand ils ont été attrapés », peut-on entendre dans une vidéo publiée par le journal dominicain Listín Diario.
Les témoignages de victimes révèlent une réalité alarmante pour les Haïtiens vivant en République dominicaine. De nombreux rapports font état de traitements inhumains, incluant des violences physiques et psychologiques, infligées par les forces de l'ordre dominicaines. Les femmes enceintes, les enfants et les personnes handicapées sont particulièrement vulnérables face à ces abus.
L'avocate et militante des droits humains, Mme Jesula Blanc, coordonnatrice de la Plateforme Genre du Nord-Est (PGNE), a exprimé son indignation lors d'une interview accordée au journal Explosioninfo. Elle appelle à une mobilisation générale des Haïtiens face à cette situation tragique. « Il est impératif que nous nous levions contre ces violations flagrantes des droits humains », a-t-elle déclaré.
Mme Blanc a également révélé qu'une pétition signée par plusieurs organisations de défense des droits humains sera soumise aux gouvernements d'Haïti et de la République dominicaine, ainsi qu'à des instances internationales telles que l'ONU et l'OEA. Selon elle, la situation actuelle rappelle les atrocités commises en 1937, lorsque des milliers d'Haïtiens ont été massacrés.
La Plateforme Genre du Nord-Est s'engage également à offrir un soutien aux migrants, leur fournissant un abri et des moyens pour rentrer chez eux en toute sécurité.
Dans une déclaration faite au même journal, Rémy Occéan, responsable de l’Institut du Bien-Être Social et de Recherches (IBESR) du Nord-Est, a confirmé que d'autres mineurs haïtiens avaient été transférés aux autorités haïtiennes la veille. « Sept mineurs nous ont été remis par les autorités dominicaines avant cette intervention », a-t-il précisé. Il a dénoncé le traitement réservé aux enfants, affirmant qu'il est inacceptable qu'ils soient privés de leur dignité et de leurs droits fondamentaux.
Les événements survenus à Dajabón ne sont pas un incident isolé mais s'inscrivent dans un contexte plus large de tensions entre Haïti et la République dominicaine. Les relations entre les deux pays ont été marquées par des conflits historiques, souvent exacerbés par des questions migratoires et économiques. La crise politique et économique en Haïti a poussé de nombreux citoyens à chercher refuge ou meilleures opportunités en République dominicaine, où ils se heurtent souvent à des discriminations et à des abus.
Des organisations internationales alertent régulièrement sur la situation précaire des migrants haïtiens. Les rapports documentent des cas de détentions arbitraires, de violences physiques et psychologiques, ainsi que de déportations massives. Dans ce climat tendu, les voix s'élèvent pour dénoncer ces abus et appeler à une protection renforcée des droits des migrants.
L’ONU a récemment exprimé sa préoccupation face à la montée des violences contre les Haïtiens en République dominicaine. Des appels à l’action ont été lancés pour que les gouvernements prennent des mesures concrètes afin de garantir la sécurité et les droits fondamentaux de tous les migrants, indépendamment de leur statut légal.
Les actions entreprises par la Plateforme Genre du Nord-Est et d'autres organisations pourraient également inciter davantage de personnes à se mobiliser pour défendre les droits des migrants. Le soutien aux victimes est crucial dans cette lutte pour la dignité humaine et le respect des droits fondamentaux.
En somme, la situation des mineurs haïtiens arrêtés à Dajabón est emblématique d'une crise plus vaste qui nécessite une attention urgente et une action concertée tant au niveau national qu'international.
Explosioninfo Médias/Actualités
