L’ombre persistante de l’impunité sur la classe politique haïtienne. - ExplosionInfo

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L’ombre persistante de l’impunité sur la classe politique haïtienne.

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Éditorial 
Écrit par : Villardouin CERSINE Journaliste d'investigation.
E-mail : cersine09@gmail.com 


Alors que la Direction centrale de la police judiciaire affirme transmettre des rapports accablants visant d’anciens parlementaires pour corruption, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs, la répétition de ces annonces sans suites judiciaires visibles interroge une fois de plus la capacité réelle de l’État à rompre avec l’impunité, à traduire les responsables devant la justice et à restaurer une crédibilité institutionnelle profondément érodée par des décennies de scandales non élucidés.


La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) remet sur le devant de la scène une question aussi sensible que récurrente : celle de la responsabilité pénale des anciens détenteurs du pouvoir. Selon des informations recueillies par radio Métronome I'un rapport d’information a été transmis concernant l’ex-sénateur Rony Célestin, sur la base de recommandations de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). Les soupçons sont lourds : corruption, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs.

Dans un pays où la frontière entre pouvoir politique et enrichissement personnel est souvent dénoncée par la société civile, ce nouveau dossier illustre la profondeur du malaise institutionnel. L’autorisation d’enquêter, sollicitée par la DCPJ, apparaît comme une étape nécessaire, mais encore insuffisante, tant l’opinion publique est habituée à voir des procédures s’enliser ou disparaître dans les méandres administratifs et judiciaires.

Un second dossier, visant l’ex-sénateur Kedler Augustin, est également évoqué. Déjà traité par la DCPJ, il devrait être transmis prochainement à la justice. Là encore, les informations disponibles demeurent parcellaires. Cette opacité, même justifiée par la confidentialité de l’enquête, alimente le scepticisme d’une population lassée des annonces sans lendemains.

Ces affaires posent une question centrale : la justice haïtienne dispose-t-elle réellement des moyens et de l’indépendance nécessaires pour poursuivre des figures politiques de premier plan ? Car au-delà des rapports et des communiqués, c’est l’aboutissement judiciaire qui fait défaut. Sans procès, sans condamnations, la lutte contre la corruption reste un slogan plus qu’une réalité.

L’ULCC et la DCPJ, souvent mises en avant comme piliers de cette lutte, se retrouvent confrontées à un mur : celui d’un système où les protections politiques, les pressions et la lenteur judiciaire neutralisent trop souvent les enquêtes les plus sérieuses. Chaque nouveau dossier ravive l’espoir, mais aussi la crainte d’un énième échec.

À l’heure où la crise de confiance entre les citoyens et leurs institutions atteint un niveau critique, ces dossiers constituent un test majeur. Soit la justice va au bout de sa mission et rompt avec une longue tradition d’impunité, soit ces affaires viendront grossir la liste déjà trop longue des scandales sans conséquences, confirmant aux yeux de beaucoup que, dans ce pays, l’ancien pouvoir reste encore largement au-dessus des lois.


Dans le département du Nord-Est, la gestion de plusieurs projets publics attribués à d’anciens parlementaires continue de susciter de vives interrogations. Selon des témoignages concordants, ces projets, pourtant financés par des fonds de l’État, n’ont jamais été achevés. Certains n’auraient même jamais vu le jour, alors que les ressources budgétaires prévues auraient été détournées à des fins électorales.

Malgré la gravité de ces accusations, les anciens élus mis en cause circulent librement dans la région. Cette situation alimente l’indignation d’une population qui dénonce ouvertement un détournement de fonds publics et l’absence de sanctions à l’encontre des responsables présumés.

Face à ce constat, de nombreuses voix s’élèvent pour interpeller les institutions de contrôle et de répression. L’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF), la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, ainsi que la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) sont appelées à faire la lumière sur ces dossiers.

La question centrale demeure : pourquoi ces projets n’ont-ils pas été réalisés ou menés à terme, et comment les fonds alloués ont-ils été utilisés ? Pour une partie de l’opinion publique, seule une enquête approfondie et des poursuites judiciaires effectives permettront d’établir les responsabilités et de restaurer un minimum de confiance dans la gestion des affaires publiques.

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