E-mail : cersine09@gmail.com
Salaires impayés, détresse sociale et menace de paralysie des hôpitaux : les employés contractuels du Nord-Est dénoncent l’indifférence de l’État, pointent la responsabilité des autorités sanitaires départementales et alertent sur l’effondrement progressif d’un système de santé déjà fragile.
Nord-Est Santé. Les employés contractuels travaillant dans plusieurs centres de santé du département du Nord-Est tirent la sonnette d’alarme. Depuis cinq à six mois, ils n’ont reçu aucun salaire de la part de l’État haïtien. Une situation qu’ils qualifient d’inhumaine et qui les plonge dans une précarité extrême, au point de ne plus savoir vers qui se tourner pour faire entendre leur détresse.
Ces agents contractuels sont affectés notamment à l’hôpital d’Ouanaminthe ainsi qu’aux centres de santé de Trou-du-Nord et de Fort-Liberté. Ils exigent le paiement immédiat de leurs arriérés de salaire et interpellent directement le directeur départemental de la Santé publique du Nord-Est, le docteur Jean Clervain Dorsainvil. À défaut d’une réponse rapide, ils menacent de paralyser l’ensemble des structures sanitaires publiques du département.
Selon les employés concernés, le non-paiement de leurs salaires depuis plus de six mois résulterait d’une négligence administrative au niveau de la direction départementale de la Santé. Une accusation grave qui accentue la tension entre le personnel contractuel et les autorités sanitaires locales, dans un contexte déjà marqué par l’instabilité et le manque de ressources.
Un employé contractuel, totalisant plus de 23 ans de service dans un centre de santé, témoigne avec amertume :
« L’État ne me paie pas. La faim est en train de me tuer. Je suis presque pieds nus. Je ne peux même pas payer la scolarité de mes enfants, faute d’argent pour subvenir à leurs besoins, pendant que ceux qui sont au sommet de l’État vivent confortablement. »
Même désespoir chez une autre employée, âgée de 54 ans et comptant 20 années de service. Au micro du journal ExplosionInfo, elle confie :
« Je travaille mais je ne suis pas payée. Comment vais-je passer les fêtes de fin d’année sans une seule gourde en poche ? Qu’est-ce que je vais faire ? Le directeur départemental doit prendre conscience de notre situation et nous payer. »
Face à cette impasse, les contractuels ont déjà observé deux journées de grève dans les centres de santé d’Ouanaminthe, de Trou-du-Nord et de Fort-Liberté. Ces mouvements de protestation traduisent une colère grandissante et annoncent une possible aggravation de la crise si aucune solution n’est trouvée.
Cette situation met en lumière la grande vulnérabilité du système de santé dans le Nord-Est, déjà confronté à une pénurie chronique de médicaments, à des infrastructures délabrées et à un manque criant de personnel motivé. L’absence de paiement fragilise non seulement les employés, mais compromet aussi l’accès aux soins pour une population déjà éprouvée. Pour de nombreux observateurs, l’État fait face à une urgence sanitaire et sociale qui exige des réponses immédiates, au risque de voir s’effondrer un secteur vital pour la survie des communautés locales.
ExplosionInfo Médias Actualités
